cocktail music

Qu’est ce qui saoule plus qu’un cocktail ?
Un tube de l’été.
Vos hôtes méritent mieux que la soupe annuelle qui nous est servie aux beaux jours.
Voici une petite histoire de la musique des réceptions “cocktails”, avant qu’elle ne soit simplement réduite au terme “Lounge”.

la première cocktail party

Un dimanche d’avril 1917, à Saint-Louis (Missouri), se tient la première Cocktail Party, attribuée à Madame Julius S. Walsh.
Des cocktails sont servis à la cinquantaine d’invités présents au Manoir Walsh entre midi et 13h00 (heure du “Dinner”).

Si on sait ce qui y était servi (Bronx Cocktail, Clover Leaf), aucune idée quant à la Bande Son qui accompagnée ces festivités. Rien non plus à propos de la météo, mais nous souhaitons à Mrs Walsh qu’elle fût plus clémente que celle de mai 2024.
Pour vos Cocktail Parties de cet été, laissez-moi vous donner quelques pistes de musiques d’ambiance loin des tubes de l’été qui ne tarderont pas à vous saouler.

c’est quoi, une cocktail music ?

Cocktail Music est un terme qui englobe une variété de styles de “musique d’ambiance” produite à l’origine de la fin des années 1940 à la fin des années 1970.

C’est la technologie qui a contribué à la naissance de ce genre, avec l’introduction du vinyle 33 tours de Columbia Records en 1948.
Le LP, comme on l’appelait, pouvait contenir plus de 40 minutes de musique sur deux faces ; bien mieux que les 6-8 minutes du vieux 78 tours qu’il remplaçait.
Comme il n’ »était plus nécessaire de se lever du canapé toutes les 5 minutes pour changer de disque, beaucoup de “musiques de détente” sont apparues.

Ces disques pouvaient aussi créer l’ambiance lors de rassemblements sociaux, tels que des dîners, ou des cocktails …

aux débuts, de l’humour

Au cours des soixante-dix premières années de reproduction audio, les chansons sur la boisson étaient souvent humoristiques et paillardes, en particulier dans le monde du Rhythm & Booze.
En 1944, les Andrews Sisters enregistrent “Rum & Coca-Cola”, un tube Calypso trinidadien qui fait vibrer le public sur rythme tropical et arrive au sommet de la Pop.

W-P-L-J (White Port Lime Juice) de Four Deuces
One Scotch, One Bourbon, One Beer de Amos Milburn
White Lightning de George Jones

instrumental, jazzy, swinguant

La plupart des compositions pour Cocktails des années 1950 sont toutefois instrumentales (sans chansonnettes rigolotes) et ont parfois des accents latins.
Allez écouter George Shearing, Buddy Cole, Three Suns, Sid Bass et Art Van Damme (dont les LP Martini Time, Manhattan Time et Cocktail Capers sont cultes).

Le chef d’orchestre Cédric Dumont pousse le concept plus loin avec son “Cocktail Musical” (1956) et ses sons de shaker enregistrés et utilisés comme instrument.
Le musicien hispano-cubain Xavier Cugat double la mise avec son “Cugi’s Cocktails” (1963) en donnant un nom de cocktail à chacune de ses pistes.
Le légendaire saxophoniste de la Nouvelle-Orléans Plas Johnson, connu pour son thème de la Panthère Rose, sort en 1964 son album “Blue Martini”.

stéréo et conquête spatiale

Le son stéréophonique voyageant d’un haut parleur à l’autre à travers la pièce comme un Spoutniks dans l’espace ravi les amateurs de hi-fi des années 1960.
Plusieurs sons psychédéliques émergent jusqu’au premier pas sur la lune.

le style exotica

Inauguré avec l’album “Ritual of the Savage” des Baxters (1952), ce nouveau style exotique très vaguement basé sur la musique du Pacifique Sud a créé un hybride coloré et relaxant bien qu’inauthentique.

La musique devient synonyme de “TIKI”, car elle fournit la bande-son des restaurants polynésiens du monde entier.
La culture Tiki (et Cocktail en général) décline au début des années 1970 avec l’augmentation de la consommation de drogue récréative.

on commence à avoir fait le tour …

La popularisation du synthétiseur Moog en 1967 mène à des musiques d’ambiance plus électroniques, dont Exotic Moog de Martin Denny et Moog Rock de Les Baxter.
La révolution sexuelle de l’époque s’amalgame dans des disques d’orgasmes à respiration lourde (sisi). Des groupes comme Mystic Moods Orchestra et les 101 Strings en sont peut être les artefacts ultimes.
On connait tous le duo Gainsbourg-Birkin “Je t’aime … moi non plus” ou le porno-disco de Donna Summer “Love to Love You Baby”, et bien c’est à peu près l’idée …

Dans les années1980, des Hipsters s’intéressant aux friperies et aux marchés aux puces ont commencé à acheter des LP comme “Moldy Oldie” uniquement parce qu’ils étaient attirés par leur pochette kitch et leur prix bon marché.

renouveau des cocktails,
renouveau de la musique cocktail

Au côté d’autres vestiges de l’époque (chemises bowling, films grindhouse, drive-in, enseignes en néon, etc.) les Cocktail Musics sont redevenues branchées.
L’artiste Byron Werner les appelait “musiques de célibataires de l’ère spatiale”.

Les sections Lounge Music se sont développés dès les années 1990 dans les magasins de disques. Capitol Records a publié, par exemple, 25 volumes dans sa série “Ultra Lounge”.

Si avec tout ça, vous ne trouvez pas la bande-son idéale pour ambiancer votre prochaine réception (ou simple Apéritif), je ne sais pas quoi faire pour vous.

Santé chers bibules.

b\\\v

lache un com'

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *