77. un vin qui s’allume
Rome (Italie)
Caius Plinius Secundus (29-79), plus connu sous le nom de Pline l’Ancien, est un écrivain et naturaliste romain du premier siècle. Il est l’auteur d’une monumentale encyclopédie de 37 volumes, intitulée Histoire naturelle (Naturalis Historia), rassemblant le savoir de l’époque sur des sujets telles que les sciences naturelles, l’astronomie, l’anthropologie, la psychologie ou la métallurgie. Il l’écrit sous le reigne de son ami l’empereur Vespasien (69-79) et le publie en 77, dédié à son camarade Titus (qui deviendra empereur après Vespasien).
Pline a conscience que la vie d’un homme est éphémère et pense que le bonheur n’existait pas. Il considère que l’homme doit utiliser son temps à bon escient afin de ne pas réduire sa capacité d’apprendre : un stoïcien mêlé d’un sceptique en somme.
Les documents de l’antiquité greco-romaine et du début du moyen-âge ne donnent aucune trace de distillation. Tout ce que nous trouvons dans les archives écrites sont de simples allusions (ou suggestions). Et l’ouvrage Histoire Naturelle, aussi complet soit-il, ne déroge pas à la règle.
Nous pouvons toutefois nous attarder sur une remarque de Pline, dans son volume 14, au sujet du très prisé vin Falernien :
Nec ulli in vino major autoritas ;
Deltour, L. Morceaux choisis de Pline l’Ancien d’après les extraits de Gueroult, p.88. 1852
solo vinorum flamma accenditur.
Il n’y a pas non plus de plus grande autorité dans le vin ;
le seul vin qui s’allume exposé à une flamme.
Tous les vins le deront légerement s’ils sont pré-chauffés, Pline doit donc parler d’un vin qui brûle (s’allume) à température ambiante.
Un composé eau-alcool ne le ferait que s’il est renforcé en produits chimiques et le rendent imbuvables ou qu’il titre à au moins 35% d’alcool par volume, une concentration impossible à atteindre par simple fermentation.
Une ellipse, une mauvaise interprétation, ou l’esquisse d’un secret alchimique ?
Pline n’a malheureusement pas le temps de pousser ce sujet, il meurt prématurément, à 56 ans, lors de l’érruption du Vésuve.
Sources :
– Guéroult, M. Morceaux extraits de l’Histoire naturelle de Pline. 1785
– Deltour, L. Morceaux choisis de Pline l’Ancien d’après les extraits de Guéroult. 1852
230 . des cultes hérétiques portés sur le feu
Rome (Italie)
Entre 222 et 230, pendant le pontificat de Urbain 1er, son rival Hippolyte de Rome (170-235) décide de s’attaquer aux sectes hérétiques de son époque.
Sa méthode ? Nommer chaque secte à tour de rôle, démontrer en quoi ses croyances sont tirées des enseignements hérétiques des philosophes grecs de l’Antiquité et, dans le cas échéant, mettre en évidence leurs pratiques.
Cette enquête est compilée dans son livre Réfutation de toutes les hérésies.
L’auteur y consigne une série de recettes de tours de magie chez les gnostiques :
Du sel est bouilli dans une jarre à vin en terre cuite avec du vin nouveau. Une fois bouilli, si vous y appliquez une lampe allumée, il s’enflamme en saisissant son feu, et si vous le versez sur votre tête, il ne la brûle pas du tout. Si vous y ajoutez de la résine pendant qu’elle bout , elle s’enflamme beaucoup plus.
– Clark, T. Refutation of all Heresies, livre 4, chapitre 31, page 98. 1868
Les cultes aux croyances en dehors du judaïsme orthodoxe ou du christianisme de l’église primitive ont acquis le nom universel de gnostiques, parce qu’ils revendiquent une connaissance unique, ou “gnose”1.
Tous mettent l’accent sur le feu, l’élément le plus important.
Une eau qui s’enflamme est considérée comme un paradoxe quasi mystique.
Le terme “bouillir” est utilisé pour indiquer “distiller” dans de nombreux anciens textes grecs et égyptiens. Le sel est un ingrédient fréquent de la distillation médiévale, il augmente le point d’ébullition du vin de quelques degrés, retardant ainsi le moment où sa vapeur d’eau est libérée.
Le mot-clé est souvent “eau”2, un déguisement utile pour ceux qui souhaitent dissimuler leurs pratiques aux regards indiscrets.
Leurs rituels, dont le Baptême du feu, sont secrets et ne sont évoqués que par leurs détracteurs chrétiens.
Il en existe deux compte-rendus détaillé :
L’un dans le Pistis Sophia (Codex Askewianus) conservé à la British Libray, l’autre dans Le Livre of Jeu (Codex de Bruce) conservé à la Bodleian Library.
Cette concoction s’enflammant sans brûler serait une preuve de la réalisation cachée de distillats pendant le premier millénaire de notre ère. Du moins, selon Anne C Wilson et et Herman Diels, qui partagent cet argument séparément3.
Notes de Bas de Page :
- En France, nous connaissons le mouvement dissident des Cathares, présents entre 1000 et 1100.
- Une pratique qui se poursuit au fil des siècles et que nous trouvons dans eau-de-rose ou Kirschwasser.
- Wilson, C. Anne. Water Of Life, UK : prospect books, 2006
La bibliothèque de Nag Hammadi, un ensemble de douze codex de papyrus reliés en cuir retrouvés (dans un tombeau) en Égypte en 1945, sur le site de Jabal al-Tarif.
Ils datent vraisemblablement du 2ème au 3ème siècle. La majorité sont des écrits gnostiques.
Leur découverte éclipsa celle du Livre de Jeu par James Bruce en 1765, toujours en Egypte.
302 . l’alchimiste greco-egyptien
Alexandrie, Egypte romaine
Après sa conquête par Alexandre le Grand, l’Égypte subit une forte influence culturelle grecque.
Sa période hellénistique sétend de -323 à -31.
– 323 à – 31 : Égypte hellénistique
– 31 à 395 : Égypte romaine
395 à 642 : Égypte byzantine
642 à nos jours : Égypte arabe
Même après la défaite de Cléopatre VII et son absorption par l’Empire romain, sa culture et sa langue restent grecques.
La grande cité d’Alexandrie est un carrefour culturel et le principal centre intellectuel du bassin méditerranéen pendant près d’un millénaire.
Zosime, né à Panopolis (actuel Akhmîm) en Égypte entre le 3ème et 4ème siècle, est le des plus grand représentant de l’alchimie de langue et culture grecque.
Bien que les dates de sa naissance, de son décès et de ses célèbres traités restent inconnues, son texte sur la lettre Oméga fait allusion à Mani, le fondateur du manichéisme.
Cette religion est condamnée en 302, il est donc supposé que Zosime de Panapolis exerce aux alentours de cette date1.
Son encyclopédie compilée jete les bases de l’alchimie arabe et médiévale européenne. Elle est traduite en syriaque après la conquête arabe et se termine par :
Lorsque vous ouvrirez la base de l’alambic, vous trouverez les plantes carbonisées, ayant perdu leur couleur particulière qui est leur pneuma2.
Berthelot, Marcelin. Collection des anciens alchimistes grecs, Volume 1, p.161. 1888
Zosime évolue à une époque où l’hermétisme et le gnosticisme sont florissants en Égypte, impossible de ne pas faire de lien avec les sectes hérétiques.
Il fait référence dans ses écrits à une certaine Marie la Juive, qu’il présente en fondatrice de l’alchimie3, et qu’il range dans la catégorie de ceux qu’il appelle “les anciens”, ce qui montre qu’ils n’appartiennent pas à la même génération.
Les préceptes alchimiques remontés jusqu’à notre époque viennent donc de l’Egypte hellenistique. Et si Zosime n’est certainement ni le seul ni le premier, les opustucules qu’il a laissé derrière lui, dont les dessins d’appareils d’alchimie préservés dans ses quatre manuscrits principaux4, font de lui une figure à part dans l’histoire de la distillation.
Ses textes fondateurs seront récupérés, traduits et utilisés par les hérudits arabes à partir de la conquêtes musulmane de l’Egypte en 642.
Notes de bas de page :
- Halleux, Robert. Les alchimistes grecs, tome 1. Paris. 1981
- le mot grec “pneuma” englobe le concept d’air, de souffle et d’esprit.
- et à qui est attribuée la technique du “bain marie”
- Zosime de Panopolis – Mémoires authentiques : tome IV-1- 2003
645 . le moine bouddhiste voyageur
Nord de l’Inde (actuel Pakistan)
Xuanzang (600-664) nait à Luoyang dans une famille chinoise de lettrés.
Bien qu’issu d’une famille confucéenne, il désir devenir moine bouddhiste ; son souhait est entendu est il part étudié dans un monastère.
Durant son apprentissage, la Dynastie Sui s’effondre et il doit s’enfuir vers Xi’an, la capitale des Tang ; où il est ordonné moine en 622 à l’âge de 20 ans.
Son étude de différentes traductions du Mahayanasamgraha (important livre bouddhiste) lui donne du fil à retodre, ce qui l’amène à vouloir se rendre en Inde pour rapporter les textes originels.
En 629, il part clandestinement pour l’Inde, l’empereur s’opposant à ce voyage. Son périple le conduit pendant près de 16 ans à travers les grands sites de pèlerinage bouddhiques.
En 645, il rentre dans capitale des Tang avec pas moins de 657 textes sanskrits (indiens) chargés sur vingt chevaux. Il est reçu avec tous les honneurs, même par l’empereur qui lui accorde une audience.
Il passe le reste de sa vie à la capitale, où il traduit avec l’aide d’une équipe les textes rapportés, qui enrichissent considérablement la littérature bouddhique chinoise.
Si les péripéties de son périple sont si connues, c’est grâce à la biographie que rédigent ses deux disciples quelques années après son décès. Cet ouvrage, intitulé Da Tang Da Ci’en si sanzang fashi zhuan est largement traduit dans diverses langues à partir du 19ème siècle1.
Au nord-ouest de l’Inde, vers l’actuel Pakistan, Xuanzang rencontre des gens qui boivent ce qui s’apparente à un distillat de canne à sucre :
En ce qui concerne les différentes sortes de vins et de liqueurs, il en existe plusieurs sortes. Les Kshatriyas utilisent le jus de raisin et de canne à sucre comme boisson ; les Vaishya utilisent des boissons fermentées fortes2
– Beal, Samuel. Si-yu-ki: Buddhist Records of the Western World. London. p.89. 1906
Le moine rencontre donc une caste indienne qui boit des liqueurs fortes. Non loin d’où seront retrouvées, plus d’un millénaire plus tard, les plus anciennes trâces de distillation au monde.
Notes de bas de page :
- Beal, Samuel. Si-yu-ki: Buddhist Records of the Western World. London. 1906
- “Shun lo” : alcools forts et aromatisés
670 . les précurseurs distillateurs
Oasis ouïghour de Tourfan (région de Xinjiang, Chine)
L’ancienne route de la soie a longtemps était au coeur du commerce et des échanges – et donc du monde. Elle traverse une bonne partie du Xinjiang, la plus grande région chinoise, montagneuse et désertique.
C’est dans cette zone, vers le 7ème siècle, que l’alcool aurait fait ses premiers pas.
Nous devons cette théorie au sinologue anglais Joseph Needham (1900-1995), qui publie en 1954 le premier volume de son monumental Science et Civilisation en Chine, qui ne cesse d’être enrichi encore aujourd’hui après sa mort.
Dans le volume 6, H.T. Huang y cite le Bencao Gangmu (grande pharmacopée) du fameux médecin-naturaliste de la dynastie Ming, Li Shizhen (1518-1593) :
Il existe deux sortes de vin de raisin, celui obtenu par fermentation qui a un goût élégant, et celui fabriqué comme le Shāojiu (vin brûlé), qui est plus fort […]
– Huang, H.T. Science & Civiliation in China, volume 6, part 5. Cambridge University Press, 2000.
Dans la méthode de distillation, plusieurs dizaines de caisses de raisin sont d’abord traitées avec le grand ferment (Qu), tel qu’il est utilisé pour la fabrication du vinaigre, puis étuvées. Un récipient permet de recueillir le distillat […]
Autrefois, une telle eau-de-vie était fabriquée dans la région de l’Ouest.
Ce n’est que lors de la prise de Gaochang (c’est-à-dire Tourfan dans l’actuel Xinjiang) pendant la période Tang (618-907) que cette technique a été obtenue.
En 640, l’armée Tang conquère la ville de Gaochang, à 30 km de l’oasis de Tourfan, sur la branche nord de la route de la soie, célèbre pour son abondante viticulture, en particulier pour son raisin, son vin et son raisin sec.
Ainsi, selon ce passage, l’art de cuire à la vapeur le moût fermenté pour obtenir de l’alcool distillé était déjà connu des Chinois au 7ème siècle.
Il existe en effet un certain nombre de références au vin brûlé (Shāojiu, 黄٠s) dans la littérature Tang : Mêng Shên parle en 670 de “moût a fermenté à la vapeur à plusieurs reprises”, Li Chao parle en 810 de “vin de printemps brûlé (shāo chun jiu)”, Pai Chu parle en 820 de “vin brûlé (shāo jiu)”, etc.
Brique en céramique décorée en relief avec une scène de production d’alcool, datant de la Dynastie Han (25-220), dimensions : 50x28cm, découverte en 1979 à Xinlongxiang, dans la province du Sichuan, exposée au musée provincial du Sichuan à Chengdu. La toute première scène de distillation ?
Source : Rawson, Jessica. Mysteries of Ancient China, London, 1996.
Mais bien que les indices dans des sources anciennes indiquent la pratique de la distillation, il semble probable que des alchimistes taoïstes l’expérimente à des fins ésotériques, et il n’existe pas de preuve de la consommation de boissons distillées pour le plaisir en Chine avant la dynastie des Yuan (1271-1368).
Photo de Gaochang prise par A. Von LE COQ lors de son expédition de 1913
762 . les arabes et l’alchimie
Bagdad (Irak)
Beaucoup de gens sont persuadés que les Arabes ont inventé la distillation.
Les recettes des distillateurs des premiers siècles de notre ère, ainsi que Zosime restent peu connus en dehors des cercles d’historiens des sciences.
C’est pourtant à partir des écrits de ces expérimentateurs que le monde arabe a pu construire et développer sa propre version de la science de l’alchimie.
Tout part de la Conquête musulmane de l’Égypte ; en 642, Alexandrie capitule. Après ça, les savoirs alchimiques grecs sont appris par l’empire Perse.
La bibliographie arabe des sciences, Fihrist, a été achevée par le libraire de Bagdad, al-Nadim, en 987. Dans une section consacrée à l’alchimie, al-Nadim rapporte que le premier à avoir fait réaliser des traductions arabes en alchimie fut Khâlid (mort en 704), le fils du second calife Omeyyade, Yazid..
– Multhauf, P. Robert. The Origins of Chemistry. Oldbourne. p.124. 1966
Si les premières traductions en arabe sont de Khâlid ibn Yazîd (668-704), les premières traces d’expériences pratiques ne remontent qu’au 9ème siècle.
À Gundishapur (ancienne ville académique d’Iran), les savants étudient depuis le 6ème siècle la philosophie grecque traduites en syriaque par les nestoriens.
Les nestoriens s’emploient à traduire ces œuvres en arabe bien plus tard, sous la dynastie Abbasside, dont la nouvelle capitale, Bagdad, est fondée en 762.
Démocrite et Zosime deviennent accessibles aux érudits arabophones, et certains hommes à l’esprits scientifique commencent à créer leur propre art.
Les jabiriens, revendiquant Jabir ibn Hayyan, ou Geber (721-815), comme leur fondateur, développent cet art au cours du 10ème siècle. Des alambics similaires aux textes grecs sont utilisés pour produire de l’eau de rose à grande échelle.
Il est intéressant de s’arrêter sur un terme que l’on doit à Geber :
Le matériau en question doit séché un certain temps après broyage pour éliminer son humidité, et cela n’est fait que pour éviter qu’il ne transpire car s’il transpire, la quantité de distillat sera plus petite que s’il ne transpire pas.
– Jabir Ibn Hayyan, Kitab al Jumal al-`ishrin. Bursa, Turkey, p. 487. Maqala 13
Le mot pour désigner le vin distillé dans les pays arabes devient alors “transpiration” (araq عرق). Les gouttelettes de vapeurs de vin ascendantes qui se condensent sur les parois de l’alambic sont semblables à celles de sueur.
916 . un arrack de palmier sri lankais
Serendib (actuel Sri-Lanka)
La “Relation de la Chine et de l’Inde”, souvent appelé “les Voyages du marchand Soleyman”, est un manuscrit en langue arabe, daté de 237 (de l’hégire, soit 851) qui compile les informations connues des arabes et des persans concernant la Chine et l’Inde au 9ème.
Quatre siècles et demi avant le voyage de Marco Polo.
Sa trace est perdue avant qu’il n’entre à la bibliothèque de Colbert, en 1637. Il n’existe pas d’autre copie connue, ni en Orient ni en Occident.
Sa première partie est écrite par un marchand iranien (Soleyman ?) et décrit la route maritime du golfe Persique à l’Extrême Orient, les moeurs des chinois, les divisions politique d’Inde, et compare finalement la Chine à l’Inde.
La seconde partie est écrite plus tardivement, vers 9161, et vient compléter la première d’observations, elle est attribuée à l’irakien Abū Zayd Hasan.
Abū Zayd Hasan al-Sirafi rapporte l’avis du marin de 851 au sujet d’une boisson qu’il rencontre sur la côte ouest de Serendib (actuel Sri-Lanka) :
Cette vallée s’ouvre sur le golfe du Bengale2, et est extrêmement agréable.
– Renaudot, Eusebius. Ancient Accounts of India and China. p.84. London. 1733
On y achète un mouton pour un demi-dram, et autant de leur boisson.
Cette boisson est composée de miel de palmier bouilli et préparé avec le Toddi, ou jus qui s’écoule de l’arbre.
“Bouillir” est alors un terme pouvant faire référence à l’action de “distiller”, aucun verbe n’existant pour parler clairement des arts obscures alchimiques.
De plus, le manuscrit nous explique que les marchands chinois en poste dans la région font importer de la mer d’Andaman beaucoup d’alcool de palme dans des jars Martaban depuis le royaume du Siam (Thaïlande et Birmanie)3.
Miel de palme bouilli serait une première mention ambigue au Ceylon Arrack ?
L’arrack de cocotier est le représentant le plus important de l’une des toutes premières catégorie de spiritueux : ceux distillés à partir de sève de palmier.
Outre celle du cocotier, la sève d’autre palmiers comme le nypa, le dattier et le raphia sont de bonnes sources pour la distillation de l’arrack de palme.
Il est toujours fabriqué dans toutes les régions tropicales de l’Asie du Sud et du Sud-Est , aux Philippines et en Indonésie.
Notes de bas de page :
- Al-Mas’ûdî mentionne Sirafi dans un de ses ouvrages, affirmant qu’il l’a rencontré à Bassora en 916.
- “mer de Harkand” dans le texte.
- Renaudot, Eusebius. Ancient Accounts of India and China. London. 1733
palm arrack : premier ingrédient du punch
Les termes Araq, Arak, Arrack (mais aussi Arac, Arrak et bien d’autres) veulent tous dire la même choses :alcool distillé. Il s’agit du pendant oriental del’aqua vitae (eau-de-vie) occidental.
Ses racines arabes signifiant sueur ou transpiration, en référence aux gouttelettes du distillat qui condensent à la sortie de l’alambic, se retrouvent dans bon nombres d’alcools à travers le monde : Rakia en Bulgarie, Arkhi en Mongolie et Raki en Turquie pour ne citer qu’eux. Certains pays comme le Liban l’ont peu corrompu et nomment encore leurs distillats de raisin Arak.
Qu’il soit distillé à base de sève, de sucre ou de riz, on parle d’arrack.
Qu’il soit écrit araq, arraquin1 ou arrach2, on parle d’arrack.
Si l’orthographe “arrack” (ou “rack”, en abrégé) est finalement retenu, c’est simplement car c’est celui que les anglais utilisent à partir du 17ème siècle pour faire entrer ces spiritueux orientaux dans le commerce international.
En 1518, le commerçant portugais Francisco Corbinel qui a séjourné à Goa de 1510 à 1515, retourna à Lisbonne et fut libéré de ses dettes en échange d’une liste impressionnante de marchandises qu’il avait expédiées chez lui, dont 2425 jarres d’orraca.
- Une version découverte par les espagnols à Alger vers 1580.
– Belmonte, José & López de Abiada, J.M. Alatrista, la sombra del héroe, p. 227. 2009 - Une version à base de riz rencontrée par l’équipe de Magellan aux Philippines en 1522.
– Pigafetta, Antonio. The First Voyage Around The World (1519-1522). Université de Toronto, 2007.
À suivre chers bibules
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