Il y en a pléthore, des marques d’alcools forts. Et il n’est pas toujours évident de s’y retrouver, au milieu des nombreux styles de boissons distillées. Qu’à cela ne tienne, Le Breuvage vous donne quelques pistes de spiritueux à essayer, catégorie par catégorie.
Ce qui va sans dire va mieux quand c’est dit : cette liste personnelle n’est ni exhaustive, ni intéressée.
whisky de malt
Certains aiment à dire que le whisky est une bière distillée ; comprendre “une boisson fermentée à base d’orge maltée, portée à ébullition, et dont les premières vapeurs ont été récupérées et refroidies”.
Si le whisky est généralement associé à l’Écosse, il en est fait partout dans le monde, parfois avec d’autres céréales que l’orge, parfois-même avec un autre orthographe (whiskEy).
Ma sélection de whiskies européens, à base de malt :
- Glenmorangie 12 ans
Écosse / 40% alc. / 44€
La distillerie Glenmorangie a une petite spécificité, celle d’avoir les alambics les plus hauts d’Écosse. Il en résulte des whiskies très légers et accessibles. - Compass Box Artist Blend
Écosse / 43% alc. / 45€
John Glaser, le fondateur de Compass Box (qu’il a quitté en 2024) est un assembleur de génie qui a su rendre ses lettres de noblesses aux blends (cf : whiskies mélangés). Si les whiskies mélangés sont souvent boudés des amateurs, en avoir un de chez Compass Box dans son bar n’a rien de honteux, bien au contraire ! - Redbreast 12 ans
Irlande / 40% alc. / 73€
L’Irlande a un style de whiskEy qui lui est propre : le Single Pot Still (anciennement connu sous le nom de pure pot still whiskey). Un Single Pot Still est un whisky mêlant orge maltée et non maltée, distillé trois fois en alambic en repasse (un whisky est habituellement distillé deux fois). Redbreast , “le nectar irlandais” en est la référence. - Yoichi Single Malt – Nikka
Japon / 45% alc. / 75€
L’histoire du whisky japonais est directement liée à celle de son homologue écossais.
Le jeune Masataka Taketsuru vient étudier la chimie à Glasgow (Écosse) en 1918, et revient au Japon pour ouvrir Yoichi, la première distillerie Nikka, sur l’île d’Hokkaido. Le whisky Yoichi est le début de l’histoire du whisky japonais. - Lagavulin 16 ans
Écosse / 43% alc. / 95€
Le petite île d’Islay (prononcer aïe-la), “la reine des Hébrides” est très connue des amateurs de whisky. Il faut dire qu’elle comporte 9 distilleries pour 3000 habitants. Lagavulin est l’une d’entre elles.
Les whiskies de l’île sont réputés pour être tourbés, c’est à dire “dont l’orge est fumée avec une matière végétale en décomposition partielle”.
L’expression 16 ans de Lagavulin est une référence pour les amateurs de tourbe.
whiskey américain
Le whiskEy américain a autant de différences que de points communs avec son grand frère européen.
S’il s’agit bel et bien d’un distillat de céréales vieilli en fûts de chêne, lesdits céréales ne sont pas forcément de l’orge, et les fûts de chênes sont quant à eux forcément de première main.
La première mention d’une “strong water” de seigle apparaît à Salem en 1648, ce n’est que cinquante ans plus tard, avec l’immigration des protestants écossais et irlandais (Scots-Irish) que le mot gaélique “whiskey” lui sera attribué.
Ma sélection de whiskies américains, à base de maïs, de seigle, et autres céréales :
- Buffalo Trace Bourbon
USA / 40% alc. / 28€
La distillerie Buffalo Trace est un trésor national. Il s’agit d’une de plus ancienne d’Amérique ; et c’est surtout de la plus médaillée d’Amérique !
Je vous inciterais bien à vous tourner vers sa version 90 PROOF (45% alc.) mais l’expression de base à 40% est une superbe entrée de gamme dans l’univers du Bourbon. - Maker’s Mark
USA / 45% alc. / 35€
Si un Single Malt écossais laisse peu de place au doute, avec sa composition exclusivement à base d’orge maltée ; il est plus difficile d’appréhender le whisky américain et ses matières premières.
La Mash Bill (comprendre “la recette du moût”) donne la composition céréalière d’un whisky américain. Pour un Bourbon, par exemple, la Mashbill canonique est de 65% de maïs, 30% de seigle et 5% d’orge maltée. Chez Maker’s Mark, exit le seigle, c’est le blé rouge qui vient lui apporter ses notes céréalières et son goût signature : 70% de maïs, 16% de blé rouge, 14% d’orge maltée. - Elijah Craig
USA / 47% alc. / 51€
La légende raconte que le révérend Elijah Craig aurait la paternité du Bourbon, qu’il aurait monté la première distillerie du Kentucky en 1789.
Si les sources ne sont pas unanimes, ce qui est sûr c’est que ce bourbon est sacrément bon.
78% de maïs, 10% de seigle, 12% d’orge maltée. - Rittenhouse
USA / 50% alc. / 53€
Le Rittenhouse est un Rye Whiskey, c’est à dire que sa mashbill contient au moins 51% de seigle (contre 51% de maïs minimum pour un Bourbon Whiskey).
En découle des saveurs épicées et sèches propres aux whiskeys de seigle.
Il est produit par la distillerie Heaven Hill, à qui on doit déjà le magnifique bourbon Elijah Craig cité plus haut. - Blanton’s Original
USA / 46,5% alc. / 89€
En 1984, bien qu’un texte de loi l’ai reconnu comme “produit distinctif des USA” vingt ans plus tôt, le Bourbon est boudé par les consommateurs de spiritueux qui l’ont pour beaucoup relégué à un whisky de seconde zone.
C’est là qu’arrive le mythe Blanton’s, une initiative de la distillerie Buffalo Trace, qui propose le premier Bourbon “single barrel” (mis en bouteille fût par fût).
En s’inspirant de ce modèle écossais de fût unique, avec ses expressions propres, Blanton’s rend ses lettres de noblesse aux whiskeys américains à un moment où ils en ont bien besoin.
genièvre
Est-ce que le boom du gin, entamé il y a déjà quelques années, serait enfin terminé ? Je n’en sais rien. Ce qui est sûr, c’est que cette récente tendance a ouvert la porte une myriade de “New Western Gins” (comprendre “nouveaux gins occidentaux”) : des gins portés sur d’autres botaniques que la baie de genièvre canonique.
En bon puriste, et bien que certaines marques soient très intéressantes, mes faveurs vont aux gins à l’ancienne, ces bon vieux “Old Eastern Gins” bien axés sur les botaniques classiques, dont la fameuse baie de genièvre.
- Hayman’s Old Tom Gin
UK / 41,4% alc. / 30€
Tom, c’est LE prénom pour désigner les chats depuis 1760, année de parution du livre Life and Adventures Of a Cat dans lequel le héros n’est autre qu’un chat nommé Tom.
En quoi ce vieux Chat mérite-t-il sa place sur les bouteilles de certains gins ? À cause d’un quiproquo !
On associe souvent les gins Old Tom aux gins de contrebandes produits à Londres au 18ème siècle alors que l’État essayait d’endiguer la consommation de cet alcool par les anglais.
Alors que le terme Old Tom n’apparait qu’en 1810 dans les pages sportives d’un journal londonien comme un gin “de qualité supérieure” : on est donc au 19ème et on ne parle en aucun cas d’alcool illégal.
Le Old Tom n’est donc pas frelaté, sa seule différence avec les London Dry est qu’il est légèrement sucré. - Plymouth Gin
UK / 41,2% alc. / 34€
Si au début du 19ème siècle, même les gins de qualité sont légèrement édulcorés (Old Tom), le premier gin “Dry” (sans sucre) n’est pas de London, mais de Plymouth.
Pas de sucre, mais pas non-plus de chichi sur ses ingrédients : en plus de la baie de genièvre, on à le triumvirat classique angélique,-coriandre-agrume. La base du gin moderne, rien que ça ! - Citadelle
France / 44% alc. / 35€
L’idée de base était tout bonnement géniale : dans l’Appellation Cognac il est interdit de distiller le raisin récoltée durant les vendanges d’une l’année au delà du 31 mas de l’année suivante, cette contrainte légale à poussée (en 1996) la maison Ferrand à faire du gin du 1er avril aux vendanges suivantes, pour ne pas laisser ses alambics à l’abandon pendant plusieurs mois.
Le célèbre chef catalan Ferran Adrià, spécialiste de la cuisine moléculaire, dira vers 2002 (quand son établissement est élu “meilleur restaurant du monde”) que le meilleur gin tonic ne peut être préparé qu’avec du gin Citadelle. - Gin N°3
Pays-Bas / 47% alc. / 47€
Berry Bros & Rudd, le plus ancien marchand de vins et de spiritueux du Royaume-Uni, à sa boutique historique au No.3 de St James’s street à Londres.
L’institution produit un gin avec passion et précision dans un alambic centenaire au Pays-Bas, dans la plus pure tradition.
Ce gin est le gin de choix pour vos Dry Martinis ; ce n’est pas pour rien que c’est lui qu’utilise Alessandro Palazzi au Dukes, le bar de Mayfair célèbre pour ses Martinis très chargés. - Sipsmith V.J.O.P
UK / 57,7% alc. / 60€
VJOP pour Very Juniper Over Proof. Un gin qui, comme son nom l’indique, est très très très porté sur la petite baie résineuse, et est très très très puissant en alcool.
Derrière la marque de gin artisanal Sipsmith se cache deux amis d’enfance, Sam et Fairfax, mais aussi le célèbre historien des boissons Jared Brown, qu’ils ont rencontré lors d’une soirée Negroni et qui a bien voulu les accompagner dans leur aventure.